Chapelle Saint-Eloi de l'Arbre Inférieur, Nice
Nul ne sait quand fut fondée la chapelle de Saint-Eloi, aujourd’hui disparue, au quartier de l’Arbre Inférieur.
Ce n’est en effet qu’au début du XIXe siècle que cette chapelle semble refaire surface dans les archives, quand, en 1809, des marguilliers demandent les chapelles de Saint-Lambert et Saint-Eloi pour leur paroisse. Cette chapelle, « sise au quartier de l’Aubre », semble cependant en mauvais état au début de ce siècle, car en 1863, Antoine Tonino achète une propriété à l’Arbre Inférieur « où existe une chapelle dédiée à St-Eloi mais depuis longtemps laissée à l’abandon ». Il va cependant la faire restaurer et demander la « permission afin qu’elle puisse à l’avenir être officiée ». Malheureusement, l'édifice est détruit dans la seconde moitié du XXe siècle pour la création de bureaux et d'entrepôts, et notamment la construction d'un dépôt de bus, lui-même détruit en 2012 pour la construction d'un programme immobilier. Il ne reste donc plus rien de la chapelle Saint-Eloi.
Contrairement à ce qu’on pourrait supposer, cette chapelle n’était pas située au niveau de l’impasse de Saint-Eloi toute proche, mais en bas de l’ancien chemin de Saint-Yriel, qui descendait jusqu’alors au Paillon. Elle figure dans le cadastre napoléonien à la parcelle 954, propriété de Tonino Antoine, boulanger à l’Arbre Inférieur.
Cependant, si cette chapelle est désignée comme chapelle de « St. Eloi » sur une carte de 1883, elle apparait aussi sous le nom de « St. Erei ». Or, il s’agit d’une contraction de Yrieix (dont le nom romain était Aredius), la véritable orthographe de Saint-Yriel. Ces deux toponymes, Saint-Eloi et Saint-Yriel, concernaient-ils deux chapelles différentes ou un seul édifice ? La chapelle Saint-Eloi n’est en effet mentionnée sous ce patronyme qu’au XIXe siècle. Le seul plan qui indique cet édifice sous le patronyme d’Yrieix date vraisemblablement du XVIIIe siècle. De plus, il se situe au commencement du chemin dit de Saint-Yriel, qui existe encore en partie aujourd’hui. Faut-il y voir un changement de titulature à la fin du XVIIIe siècle ? Y avait-il une autre chapelle au niveau de l’impasse de Saint-Eloi, impasse moderne située à quelques mètres du chemin de Saint-Yriel ? Cela semble peu probable.
Je rajouterai que dans l’hagiographie, saint Yrieix et saint Eloi sont « liés », dans la mesure où saint Eloi nait au moment même où meurt saint Yrieix et où il est donc considéré comme son successeur. D’ailleurs, Yrieix est à l’origine de la première fondation monastique du limousin, le monastère d’Attanum, et Eloi, qui lui succède, est à l’origine du deuxième monastère du limousin, celui de Solignac. Krusch a d’ailleurs démontré que la vita d’Yrieix (attribuée à tort à Grégoire de Tours) était inspirée de celle de saint Eloi.
Saint Eloi a-t-il succédé à saint Yrieix en tant que saint patron pour la chapelle de l’Arbre Inférieur ? On ne peut l’affirmer. Mais sur le plan symbolique, le parallèle avec la succession de saint Eloi en tant que fondateur de monastère, à la suite de saint Yrieix, est saisissant. Rappelons d’ailleurs que le chemin Saint-Yriel permettait de se rendre des bords du Paillon au … monastère de Cimiez !
Aude Lazaro