Piété et lieux de culte en temps de peste : flambée épidémique et fièvre constructrice
Etroitement liée à la crise sanitaire, entendons la deuxième pandémie de peste, qui frappa l’Occident au milieu du XIVe siècle (déjà affaibli par plusieurs décennies de guerres et de famines), la « fièvre constructrice » qui s’empara de la Provence orientale entraina la construction de dizaines de chapelles de protection consacrées à saint Roch, saint Sébastien et saint Antoine le Grand.
Dans le département, 138 édifices leur furent consacrés (la liste est disponible ici). Ces nouveaux lieux de culte différaient cependant des modèles architecturaux antérieurs au milieu du XIVe siècle. Majoritairement de plan carré ou rectangulaire, ces petits édifices étaient parfois ornés de décors peints relatant la vie du saint titulaire ou figurant les ravages de la maladie. Placées aux abords des villes et villages, aux carrefours des routes dont pouvait venir le mal, au débouché de ponts, ces petites chapelles devaient protéger la population de la contagion mais elles étaient aussi parfois élevées en remerciement quand la peste avait épargné le village.
Le travail mené s’intéresse donc au rôle joué par la piété dans l’apparition et le développement de ces chapelles et des dévotions qui leur étaient attachées : pourquoi et comment saint Roch, saint Sébastien et saint Antoine le Grand s’imposèrent-ils comme les principaux intercesseurs contre la maladie ? Qui furent les fondateurs de ces chapelles de protection ?
Mais ce sont aussi des caractéristiques de ces lieux de culte dont il est ici question : plan, dimensions, architecture, implantation, à quoi ressemblait ce nouveau modèle architectural apparu à la fin du XIVe siècle ? Et quel fut son devenir quand la fièvre retomba ?
Aude Lazaro
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Sur la question de la fuite face à la contagion, voir l’article ici portant sur l’étude inédite d'une inscription relative à la peste de 1580 à Nice.